Syntaxe
A. L'accord
189) L'adjectif et le pronom s'accordent en genre, nombre et cas avec le nom.
a) Exemples pour l'adjectif et le participe : arranza halkis "du grain lavé", damain wātar "de l'eau croupie", arahzenes utneantes humantes "tous les pays voisins", tarpallius wassandus "des images habillées".
b) Exemples pour les pronoms : apās-pat memias "aussi chaque parole", tuzziyas-mis "mon armée", kūn MUNUS-an "cette femme (Acc.)", kī ishiul "cette obligation", hassatar-set "sa puissance", kuēs auriyalus "quels avant-postes", arēsmēs (c.a.d. *arēs-smēs) "vos camarades", sarhuwandus-sus "ses embryons", kē arkuwarri HI.A "ces prières", kēdani pidi "à cet endroit", apēz linkiyaz "de ce serment", kardiyas-tas "de ton coeur".
190) Cependant, le hittite accorde fréquemment selon le sens, surtout pour l'accord du nombre :
a) 1. Un singulier collectif peut être compris comme un pluriel : KUR-eanza humanza URUDIDLI.HI.A BÀD EĜIR-pa eppir "le pays entier a pris (lit. ont pris) les villes fortifiées".
2. Inversement, un pluriel peut être compris comme un singulier collectif : hēwēs kisa "les pluies apparaissent" (lit. "une période de pluie apparaît"), apāt ERIN2MEŠ ANŠU.KUR.RAMEŠ "ces fantassins et conducteurs de char", NAM.RAMEŠ kuin uwater nas 1 LIM esta "les prisonniers qu'ils ont emportés étaient (lit. était) 1000".
b) Le point de vue du hittite peut varier à l'intérieur d'une même phrase entre le singulier et le pluriel, ou entre le genre commun et le genre neutre : KARAŠ-za-kan kuēs tēpawēs isparter apāt-ma-kan hūman arha haspir-pat "du peu de troupes qui se sont échappées, elles ont toutes été détruites aussi", nan GIM-an KUR-eanza austa nat nahsarriyandari "et quand le pays l'a vu, ils (c.a.d. les habitants) ont pris peur".
c) 1. Il faut aussi considérer qu'un idéogramme peut dissimuler plusieurs prononciations et formes grammaticales. Ainsi, KUR "pays" peut représenter le neutre utnē et le commun utnēyant-.
2. Derrière les idéogrammes marqués comme pluriel comme ERIN2MEŠ et NAM.RAMEŠ, peuvent se dissimuler les pluriels "soldats" et "prisonniers" comme les singuliers collectifs "armée" et "masse de prisonniers". C'est pourquoi on trouve parfois les pluriels kuēs ERIN2MEŠ "ces soldats", NAM.RAMEŠ kuēs "ces prisonniers", et parfois les singuliers kās 6 ME ERIN2MEŠ "cette troupe de 600 (hommes)", NAM.RAMEŠ kuin "cette masse de prisonniers".
191) On constate de vrais désaccords pour le genre :
a) Pour les parties du corps. Ainsi le neutre genu "genou" s'accorde parfois correctement avec le pronom possessif neutre : genu-ssit "son genou", parfois avec le possessif commun : genus-sus "ses genoux". Les deux formes de "main", kessera- (c.) et kessar (n.) semblent presque montrer une inversion du genre du possessif : d'une part ŠU-as-set "sa main" (c.a.d. kesseras-set ; subt. comm. + poss. neut.), d'autre part kessar-sis "sa main" (subst. neut. + poss. comm.).
b) Occasionnellement ailleurs dans des cas encore mal connus : mān antuwahhas (comm.) suppi (n.) "si un homme (est) pur". A côté de la forme correcte MI-an hūmandan "la nuit entière", on trouve aussi plusieurs fois MI-an hūman (adj. n.).
192) c) Quelques adjectifs comme mekki- "beaucoup", kurur- "hostile", taksul- "amical" ne sont fléchis qu'en partie ; kurur et taksul ne forment pas de Nom. Plur. comm. D'où par exemple kunanzassa mekki LÚappanzassa mekki "les tués comme les prisonniers (sont) nombreux" (mot à mot "les tués comme les prisonniers (est) nombreux" ; kunanzassa et appanzassa = kunanza et appanza + -a "et" ; §25b). apās DUMU-as ŠU.GI-eszi nu-za DUMUMEŠ mekki iyazi "le garçon en question devient vieux et engendre de nombreux enfants", zik-ma-mu-za kurur es "mais toi, sois amical envers moi", kuēs kurur esir "qui étaient amicaux", tūwaza-ma taksul-pat esir "mais ils étaient cependant loyaux au loin".
193) Le Nom.-Acc. Plur. Neut. de l'adjectif est faible et il n'est pas utilisé par le pronom possessif ; pour le pluriel, les formes au singulier en question peuvent ou doivent être utilisées :
a) Facultatives pour l'adjectif : EZENHI.A SISKUR2HI.A ... parkui suppi piskanzi "ils donnent les célébrations (et) les sacrifices comme purs (et) saints", ÉMEŠ DINGIRMEŠ ... parku IŠTU KÙ.BABBAR GUŠKIN unuwanda "des temples élevés, décorés d'or et d'argent", kuē kallar idālu uddār "quels mots charmants, méchants".
b) Obligatoires pour le pronom possessif : uddār-mit "mes mots", sakuwa-sset "ses yeux". Cf. les paradigmes en §108.
194) Les substantifs avec un nom de nombre peuvent être au singulier ou au pluriel : 2 huprushēs "2 récipients-huprushi " à côté de 2 huprushin, karūila DUB.2.KAMHI.A "2 vieux plateaux", 7 NA4passilan "7 silex", 7 DUGpurpuris ... suwan "7 récipients-purpuris pleins".
195) a) 1. Au présent, il est habituel de construire des phrases nominales pures avec un sujet et un substantif attribut et sans syntagme verbal : attas assus "le père (est) bon", ANA dUTUŠI-ma-as anniniyamis "mais le Soleil (est) un cousin", MU.KAM-za-wa-ta sēr tepawessanza "par conséquent l'année (devient) courte pour toi".
2. Cette même construction est possible aussi à l'impératif (par ex. dans l'interdiction lē + Ind. Prés., §264. 280a) : nu-war-as ammuk LÚMUDĪ "ainsi il (doit être) mon mari", 1-as 1-edani menahhanda lē idālus "l'un (ne doit pas être) méchant envers l'autre".
Exemple de construction mixte : nu-wa-za damēdaza KUR-eza kurur es ammetaza-ma-wa-za-kan KUR-eza arha lē kurur "maintenant sois hostile envers un autre pays, ne (sois) pas hostile envers mon pays".
3. Des phrases nominales très courtes peuvent être constituées seulement de l'attribut sans sujet : hurkēl "(c'est) une abomination", BUBUTĀNUM ŠA NIM.LÀL "(c'est) une famine des abeilles", UL harātar "(ce n'est) pas un coup", warpuwanzi "(il est temps) de se baigner".
b) Au prétérit, le syntagme verbal ne peut pas être omis : attas assus esta "le père était bon", ABŪYA genzuwalas esta "mon père était serviable", nu-za MU.KAM-za ser tepawessanza esta "et par conséquent l'année est devenu courte".
Comme exemple de comparaison présent-prétérit : dandukisnasa DUMU-as ukturi natta huiswanza "et l'enfant (n'est) pas éternellement vivant" à côté de māmman danduskinasa DUMU-as ukturi huiswanza esta "si l'enfant était éternellement vivant".
196) Lorsque le sujet d'une phrase est un neutre pluriel, le prédicat est au singulier :
a) Cette règle, identique à l'usage grec, est régulière avec le syntagme verbal : uidār ANA ŠAPAL MULHI.A seszi "les rations d'eau restent sous les étoiles", apē-ya uddār QATAMMA lagāru "aussi ces paroles doivent s'incliner de même", kuē 2 ALAM ... kitta "quelles 2 images ... se trouvent".
b) Contrairement à l'usage grec, l'attribut est généralement aussi au singulier même s'il n'est pas isolé : kē-ma tuppa HI.A ... aniyan esta "mais ces tablettes ... étaient rédigées", kururi HI.A meggaya nininkan esta "de nombreuses troupes ennemies étaient mobilisées". Par ex. encore : kē-ya-kan É DINGIRLIM ... ukturi QATAMMA assu esdu "aussi ces temples ... doivent être stables ainsi que bons" avec la variante kē-ya-wa É DINGIRLIM QATAMMA pahhasnuwanda esdu nu-war-at-san ... ukturi esdu "aussi ces temples doivent de même être sûrs, et ils doivent être stables".