F. Pronoms
1. Pronoms personnels
235) Pour les formes des pronoms personnels accentués et enclitiques, cf. §§96 à 105. Sur la position des pronoms personnels enclitiques dans la séquence des éléments enclitiques en début de phrase, cf §288.
236) Les accusatifs pronominaux -an "eum, eam", -at "id", -us (-as) "eos, eas", -at "ea" (§102a) peuvent être omis dans le langage législatif : takku GUDHI.A A.ŠÀ-ni pānzi BĒL A.ŠÀ wemiyazi UD.1.KAM turiyazi "si des boeufs courent dans un champ (et) que le propriétaire du champ (les) trouve, il peut (les) attacher (pendant) une journée".
237) a) ta "et" (§316) peut aussi sous-entendre les accusatifs pronominaux ci-dessus en dehors du contexte législatif : LÚSILA3.ŠU.DU8.A GAMAM LUGAL-i pāi ta harzi "l'échanson donne au roi le calice et (le) tient", LUGAL-us ĜIŠBANŠUR-az NINDA-an dāi ta-sse pāi "le roi prend un pain de la table et (le) lui donne" (variante nan-si pāi "et le lui donne").
b) Toutefois, on peut aussi attacher à ta "et" les pronoms ci-dessus de la même manière qu'à nu "et" : kuit kuit harakzi tat sarnikzi "tout ce qui s'effondre, il le remplace" (cf. §103a).
238) L'importance des verbes impersonnels en hittite n'est pas encore claire. A côté des verbes de maladies impersonnels (§200) et de tethāi "il tonne", duggari "il semble (bon)" entre autres, il faut probablement envisager la possibilité qu'une divinité soit considérée comme sujet. Toutefois, cf. aussi akkiskittari "il meurt régulièrement" (c.a.d. il arrive toujours à nouveau des décès), mān LUGAL-i assu "si il (semble) bon au roi".
2. Pronoms réflexifs
239) Les pronoms personnels enclitiques peuvent être utilisés comme pronoms réflexifs : nu-nnas DUMU.NITAMEŠ DUMU.MUNUSMEŠ iyawen "et nous nous sommes conçus des fils (et) des filles", nu-smas DINGIRMEŠ-as ZI-ni mekki nahhantes estin "maintenant, soyez (pour vous) très prudents avec la mentalité des dieux" (datif éthique, warpanzi-ma-wa-smas UL "mais ils ne se lavent pas" (lit. : ils n'effectuent toutefois pas de lavage sur eux ; Dat.-Loc. Plur. !), lē-ta nāhi "ne crains pas (pour toi)" (§206).
240) Toutefois, le moyen habituel pour exprimer le réflexif est l'enclitique -za (-z) dont la position dans la séquence des éléments enclitiques en début de phrase est traitée au §288 et qui sert pour toutes les personnes. Ainsi, face aux phrases citées au §239 : nu-za DUMU.NITAMEŠ DUMU.MUNUSMEŠ DÙ-nun "et je me suis conçu des fils (et) des filles", nu-za DINGIRMEŠ-as ZI-ni mekki nahhantes estin (même traduction que précédemment), warpanzi-ma-wa-z UL (idem).
Autres exemples : nat-za-kan pidi-pat ÌR-ahta "et il s'est soumis au même endroit", nu-za-kan INA KUR URUHatti dUTU URUTÚL-na ŠUM-an daista "et dans le pays Hatti, tu t'es ajouté le nom 'déesse Soleil d'Arinna'", ta-z ŠUMEŠ arri "et il se lave les mains", nan-zan LÚHADANU essesta "et il s'est fait lui-même beau-fils" (-zan à la place de -za selon §34. 42b2), nu-za-kan 2 EN SISKUR wātar INA SAG.DUMEŠ-ŠUNU sarā lahhuwanzi "et les 2 sacrificateurs se versent de l'eau sur la tête".
241) Certains verbes ont un léger changement de sens selon qu'ils sont avec ou sans -za. Signification de :
242) D'autres verbes sont toujours ou presque toujours avec -za sans que l'on reconnaisse un sens particulier pour -za, par exemple : ilaliya- "désirer", malāi- "approuver", markiya- "désapprouver", dusk- "se réjouir", UL mema- "refuser", arkuwar iya- (arkuwar essa-, arkuwar dāi-) "prier". On peut les considérer comme des verbes réflexifs.
243) -za est aussi utilisé dans les phrases nominales (§195a1), mais irrégulièrement ; les conditions précises ne sont pas encore claires : nu-za ANA dUTUŠI warris ŠU.DIM4-ass-a sardiyas es "maintenant, mon Soleil, sois l'aide et le soutien contre la violence" (à côté de katta-ma tuēl DUMUMEŠ-KA NARĀRU ŠU.DIM4-as sardiyas-a asandu "ainsi, tes fils doivent être l'aide et le soutien contre la violence").
244) Les relations réciproques sont décrites ainsi : "ils se voient" = "l'un voit l'autre" est exprimé au moyen de ŠEŠ-as ŠEŠ-an auszi "le frère voit le frère" ou aras aran auszi "l'ami voit l'ami" ou 1-as 1-an auszi "l'un voit l'autre" ou kās kūn auszi "celui-ci voit celui-ci".
3. Pronoms possessifs
245) ammēl UKU3-as "mon homme" peut aussi signifier "un des miens".
246) a) Le pronom possessif de la 3. Pers. Sing. -sis "son" est parfois utilisé de manière incorrecte à la place de la 3. Pers. Plur. -smis "leur" ; le Dat.-Loc. ishi-ssi "à son maître" peut aussi signifier "à leur maître", ĜIŠTUKULHI.A-us-sus "leurs armes".
b) Dans les formules figées, le sens possessif peut disparaître complètement : pedi-ssi "à sa place" veut simplement dire "sur place".
247) Les postpositions piran "devant", appa(n) "derrière", sēr "sur", katta "sous, à côté" et istarna "parmi" ont une construction différente selon la forme des pronoms personnels :
a) Elles se placent après les formes accentuées : ammuk piran "devant moi", duqqa katta "à côté de toi".
b) A la place des pronoms personnels non accentués, le hittite utilise le Nom.-Acc. Neutr. des pronoms possessifs placé après piran, appa(n) et sēr : piran-tet "devant toi", piran-set (pirasset, §36a1) "devant lui", piran-semet "devant eux" (à la place de *piran-smet, §22a. 26), appan-samet "après eux" (à la place de *appan-smet), sēr-set "sur lui, pour lui". Les postpositions sont ainsi construites comme les substantifs "avant, arrière, etc...".
c) Dans le deuxième cas, on construit katta(n) et istarna comme les substantifs "dessous" et "milieu", mais au Dat.-Loc. Sing., les formes sont katti et istarni ; ainsi katti-m(m)i "à côté de moi", katti-t(t)i "à côté de toi", katti-s(s)i "à côté de lui, sous lui" ; istarni-smi (istarni-ssumi, §22a. 26) "parmi eux".
d) Le terme obscur kitkar "à pied (?)" se construit kitkar-si "lui à pied (?)" (comme katti-ssi), mais kitkar-samet "eux à pied (?)" (comme appan-samet).
e) Si le groupe postposition-pronom est interrompu par des enclitiques intermédiaires, les pronoms personnels enclitiques sont utilisés à la place des possessifs : piran-ma-at-mu "devant moi (-mu) mais (-ma) cela (-at)", sēr-a-ssi-ssan "et (-a) sur lui (-ssi)". Particulièrement instructif : sēr-sit-wa sarnikmi "je veux payer pour lui" à côté de la variante sēr-wa-ssi sarnikmi.
248) Au sujet de l'utilisation de l'instrumental des pronoms possessifs avec les substantifs à l'ablatif, cf. §218cα.
4. Pronoms démonstratifs
249) kā-, apā-, eni- et asi- correspondent au latin hic, is, ille, iste. Les adverbes correspondants sont kissan et enissan (§§114c. 117b).
250) C'est pourquoi on trouve par exemple kissan memista "il parla comme suit" pour une citation qui suit, mais enissan memista "il a parlé ainsi" avec une citation située juste avant.
251) On trouve aussi, en plus du sens suivant - précédent, kā- en relation avec la première personne, apā- en relation avec les 2ème et 3ème personnes. L'expression kēz KUR-az - apiz KUR-az "de ce pays-ci - de ce pays-là" est équivalente à "de mon pays - de ton pays". kā correspond à "ici avec moi", apiya à "là avec toi" (ou "là avec lui").
252) On peut même utiliser kā- et kissan en relation avec la première personne et le contexte précédent : nu kī INA MU.1.KAM iyanun "j'ai réalisé maintenant cela (= mes actes mentionnés avant) en un an", nan punus mān kisan mān UL kisan "demande-lui si c'est ainsi ou pas ainsi (comme j'ai dit exactement)".
5. Pronoms indéfinis
253) On trouve occasionnellement à la place de kuiski "quelqu'un, n'importe qui" la forme plus simple kuis :
a) UL kuis signifie "aucun, pas le moindre" (cf. latin non aliquis).
b) α) Pour "si quelqu'un", on trouve habituellement mān kuiski, mais on trouve aussi parfois mān kuis (cf. latin si quis).
β) mān kuwapikki et mān kuwapi signifient "si jamais".
c) kuis - kuis signifie "l'un - l'autre" (cf. italien chi - chi ; distributif, pas réciproque).