K. Les conjonctions
1. -a, -ya "et, aussi"
302) a) La conjonction est attachée comme enclitique au deuxième nom ou au premier nom de la deuxième phrase. Elle s'écrit -a derrière une consonne, -ya derrière une voyelle ou un idéogramme, cf. §41a.
b) Elle s'écrit occasionnellement -a + -ya sans raison particulière : wātarr-a-ya "et de l'eau", apātt-a-ya "aussi celui-là", et souvent kinun-a-ya-war-an "et maintenant lui".
303) a) -a, -ya "et" relie des mots individuels : appanti kunanti-ya mekki esta "les prisonniers et les tués étaient nombreux", mManapa-dU-an-ma-za KUR ÍDSeha-ya ÌR-anni dahhun "mais j'ai asservi Manapa-Datta et le pays de la rivière Seha", dUTUŠI-in-pat sāk pahsi-ya-an "aussi ' le Soleil', reconnais-les et protège-les".
b) Cependant, des mots sont facilement appariés sans conjonction (asyndète) : attas annas "père et mère" (= "parents"), LUGAL MUNUS.LUGAL "roi et reines, le couple royal", ERIN2MEŠ ANŠU.KUR.RAMEŠ "fantassins et conducteurs de chars", arahzenēs antūrēs "étrangers et autochtones", mallanzi harranzi "ils moulent et broient", adanna akuwanna "pour manger et pour boire".
304) a) De plus, -a, -ya relie deux propositions juxtaposées sans progression de l'action : nu-mu dIŠTAR GAŠAN-YA kuit kanissan harta ŠEŠ-YA-ya-mu dNIR.ĜÁL-is assu harta "car Ištar, ma dame, me gardait béni et mon frère Muwattalli me gardait dans le bien", nu-wa memiyan ANA dUTUŠI hatrāi antuhsann-a-wa ep nu-war-an ANA ABI dUTUŠI uppi "écris l'affaire au 'Soleil' et arrête l'homme et envoie-le au père du 'Soleil'".
b) 1. -a ... -a (-ya ... -ya) signifie "qqch ... aussi bien que qqch (as well as)" : ŠA mAttarissiya-ya 1 LÚ SIG5-in kuennir anzēll-a-kan 1 LÚ SIG5-in kuennir "ils ont tué un homme de A. ainsi qu'un homme à nous", eppirr-a mekki kuennirr-a mekki "ils en ont recueilli beaucoup comme ils en ont tué beaucoup".
2. Avec une négation, cela signifie "ne pas ... et non plus (neither nor)" : nu-war-an sannattiya lē munnāsi-ya-war-an lē "ne le cache pas et ne le dissimule pas non plus".
305) a) Enfin, -a, -ya signifie "aussi" : nu-wa-za apāss-a DINGIRLIM-is kisat "maintenant il est aussi devenu un dieu (comme son père précédemment)", nu-za MU.KAM-za ser tepawessanza esta BĒLŪHI.A-ya-mu memir MU.KAM-za-wa-tta ser tepawessanza "alors l'année était devenue (trop) courte. Les seigneurs aussi me disaient : l'année est devenue (trop) courte".
b) Occasionnellement, on traduit -a, -ya par "mais" : karū 30 GUDHI.A peskir kinun-a 15 GUDHI.A pāi "on donnait autrefois 30 boeufs à chaque fois, mais il donne maintenant 15 boeufs", kissan-a lē tesi "mais tu ne dois pas parler ainsi".
2. nu "et"
306) a) nu sert à relier des phrases entières. Avec le pronom -a- (§102) et les particules -(a)sta et -(a)pa, il devient na- (§38a. 103a), nasta et napa (§301a).
b) nu est un mot auquel les pronoms enclitiques et les particules s'affixent tout particulièrement ; exemples au §288.
307) En néo-hittite, nu a deux fonctions :
a) Il relie deux propositions coordonnées et correspond à "et" ; il sous-entend cependant une progression dans l'action ("et alors") : nu-mu-kan mSUM.MA.dKAL-an DUMU-ŠU menahhanda parā nāesta nas-mu INA ÍDAstarpa MÈ-ya tiyat nan dUTUŠI zahhiyanun nu-mu dUTU URUArinna DINGIRMEŠ-ya hūmantes piran huēr nu-za mSUM.MA.dKAL-an tarahhun nan-kan kuenun nu-kan INA KUR URUArzawa parranda pāun nu-mu mUhha-LÚ-is UL mazzasta nas-mu-kan huwāis nas-kan aruni parranda pāit nas-kan apiya anda esta "et il a envoyé son fils S., et il s'est avancé à la rivière Astarpa pour me combattre, et moi le Soleil, je l'ai combattu. Et la déesse Soleil d'Arinna et tous les dieux se sont élancés devant moi, et j'ai vaincu S. et je l'ai frappé. Alors je suis entré dans le pays Arzawa et Uhha-LÚ ne m'a pas résisté et il s'est enfui devant moi et il a traversé la mer vers une île et il est resté là-bas".
b) Il relie à la proposition subordonnée conditionnelle (protase "si ...") la proposition principale (apodose "alors ...") : kuitman-za-kan ANA ĜIŠGU.ZA ABĪYA nāwi eshat nu-mu arahzenas KUR.KURMEŠ LÚKÚR hūmantes kururiyahhir "comme je ne m'étais pas encore assis sur le trône de mon père, tous les pays ennemis voisins commencèrent à m'attaquer".
308) a) nu peut aussi se trouver au début de plus grandes sections où on peut le traduire par "alors" : nu tuēl mahhan mMashuiluwas ABŪKA ITTI dUTUŠI wastas zik-ma-za mKupanta-dKAL-as ANA mPÍŠ.TUR-wa UL KÚR-as esta nu-tta-kan UL É ABĪKA arha dahhun "alors après que ton père Mashuiluwa eut péché contre le 'Soleil', à toi, K., qui n'etais pas hostile envers Mashuiluwa, je ne t'ai pas pris la maison de ton père", nu kuitman ABŪYA INA KUR URUMitanni esta "alors pendant que mon père était dans le pays Mitanni, (il est arrivé ceci)".
b) Cependant, il est normalement absent au début des plus grandes sections : ABŪYA-annas-za mMursilis 4 DUMUMEŠ hasta "mon père Mursili a engendré 4 enfants" (au début de l'autobiographie de Hattusili).
c) 1. Il est surtout généralement absent au début des citations : nat-mu ĜÌRMEŠ-as kattan haliyandat BĒLĪNI-wa-nnas lē harnikti nu-wa-nnas-za BĒLĪNI ÌR-anni dā "ils se prosternèrent à mes pieds (avec les mots) : notre seigneur, ne nous massacre pas, et prends-nous, notre seigneur, à ton (§240) service".
2. Mais il se trouve parfois de manière isolée au début d'une citation : dIŠKUR-sa tezzi nu-war-an kuit handa UL wemiyatten "et le dieu de l'orage dit : puisqu'alors vous ne l'avez pas trouvé". De même dans les phrases courtes : nu kuit "alors quoi ? (c.a.d. qu'y a-t-il à dire ?)".
309) En vieux-hittite, l'utilisation de nu est plus réduite :
a) Il peut se trouver occasionnellement entre deux propositions coordonnées : takku LÚ-is GUD-as katta wastai hurkil aki-as LUGAL-an aski uwatezzi "si un homme commet un péché avec un boeuf, (c'est) une abomination, il sera tué. Il l'amènera à la cour du roi (§62c)".
b) On le rencontre généralement entre des propositions coordonnées en asyndète dans les rituels : nu PĀNI ĜIŠDAG-ti Ù PĀNI dZababa 2-ŠU dāi hassi 1-ŠU ĜIŠDAG-ti 1-ŠU ĜIŠAB-ya 1-ŠU ĜIŠhattalwas ĜIŠ-rui 1-ŠU namma hassi tapusza 1-ŠU dāi UGULA LÚMEŠ MUHALDIM ispanduzzisar ĜEŠTIN LUGAL-i parā epzi LUGAL-us QĀTAM dāi "alors il place une fois devant le trône et devant le dieu Zababa, une fois devant le foyer, une fois sur le trône, une fois dans la fenêtre, une fois sur le verrou en bois, une fois de plus à côté du foyer. Le chef des cuisiniers tend au roi une ration de vin, le roi pose la main".
c) Dans les lois, on doit généralement sous-entendre une asyndète en présence d'une protase à plusieurs termes : takku DUMU.MUNUS LÚ-ni taranza tamais-an pittenuzi "si une fille (est) promise à un homme (et si) un autre l'enlève".
d) En général, le vieux-hittite n'ajoute pas de nu à l'apodose contrairement au §307b : takku ÌR-an KAxKAK-set kuiski wāki 3 GÍN KÙ.BABBAR pāi "si quelqu'un arrache le nez d'un esclave (§213a), il donnera 3 shekels d'argent", nu GIM-an lukkutta dUTU-us-kan kalmaraz uit mKissis suppiyaz sastas (!) arāis "alors quand le lendemain matin le dieu Soleil est venu au dessus de la montagne (?), K. s'est élevé de la couche pure" (sastas : erreur pour sastaz ?).
310) Dans certains cas, nu est omis, en particulier en néo-hittite :
a) au début d'une grande section (cf. §308b) ;
b) avec des phrases prohibitives entre deux interdictions, avec un ordre et une interdiction, ainsi qu'avec une proposition affirmative après une interdiction : nu-wa-kan ŠÀ URUIyalanda tuēl UKU3-an lē kuinki wemiyami ziqqa-wa-za-kan EĜIR-pa anda lē kuinki tarnatti ammēl-wa ÌRMEŠ ukila EĜIR-an san(a)hmi "maintenant je ne veux trouver aucun de tes gens dans la ville I. ! N'en laisse aucun à nouveau à l'intérieur ! Je m'occuperai (look after) de mes sujets moi-même", apūn-wa UKU3-an dā lē-war-an arha datti "reçois cet homme ! Tu ne dois pas l'emporter" ;
c) 1. avec l'emphase, en particulier avec les questions emphatiques et rhétoriques : eshar INA KUR URUKÙ.BABBAR-ti ara "le (crime de) sang est-il juste au pays Hatti ?", UKU3-as DINGIRMEŠ-ass-a ZI-anza tamais kuiski UL "la mentalité est-elle différente entre les hommes et les dieux ? Non !" ;
2. nu est par contre présent avec les questions rhétoriques après une proposition subordonnée : ŠEŠ-tar kuis kuēdani hatreskizzi nu-kan UL assiyantes kuēs nu 1-as 1-ēdani ŠEŠ-tar hatreskizzi "ceux de la fraternité qui continuent à écrire, ne (sont-ce) pas ceux qui (sont) amis ? Ainsi, l'un continue à écrire à l'autre de la fraternité" ;
d) dans les propositions incidentes explicative : kās-ma LÚKARTAPPU kuis ŠA MUNUS.LUGAL-za kuit ŠA MÁŠTI harzi INA KUR URUHatti ŠA MUNUS.LUGAL MÁŠTUM mekki salli nas-mu UL imma LÚHADANU "mais cet écuyer, parce qu'il a (une femme) de la famille de la reine - au pays Hatti, la famille de la reine (est en effet) très considérée - (est) pour ainsi dire (lit. pas tout à fait) un de mes beaux-frères" ;
e) dans les propositions circonstancielles consécutives (français "en ceci que, de telle manière que, au point que") : namma-kan mān IŠTU KUR URUHatti kuiski idālus memiyas ŠA BAL sarā isparzazi KURTUM kuitki arahza ANA dUTUŠI kururiyahzi ITTI dUTUŠI-ma hūman SIG5-in nu AWĀT dUTUŠI huski "en outre, si une mauvaise rumeur d'une émeute surgit du pays Hatti, de telle manière qu'un pays commence une guerre à l'extérieur contre le Soleil, tout (est) favorable cependant pour le Soleil, alors attends les instructions du Soleil", nu mān mDU.dU DUMU-ŠU ANA PĀNI mAbiratta ABĪŠU kuitki wastai ABAŠU HUL-anni sanhazi "si maintenant son fils D. pèche contre son père A. en ceci qu'il cherche son père pour le mal (c.a.d. qu'il cherche à faire du mal à son père)", nu KUR-ya andan kāsza kisati DUMU.LU.ULU3LU.MEŠ DINGIRMEŠ-s-a kistantit harkiyanzi "et dans le pays la famine est apparue, au point que les hommes et les dieux meurent de faim" ;
f) à côté de la particule d'irréel man : nu-war-as-mu-kan sullāit nu-wa-mu ÌRMEŠ-YA kattan harnamniyat man-wa-mu menahhanda kururiyahha nu-war-as-mu piran arha piddais "et il s'est querellé avec moi et a persécuté (?) mes sujets (et) aurait commencé à me faire la guerre ; et il s'est enfui devant moi", man-kan mān ANA dUTUŠI kuwapi HUL-wanni kittat man-ta dUTUŠI arha pessiyanun man-ta-kkan É ABĪKA arha dahhun "si cela s'était jamais (§253bβ) présenté mal pour le Soleil, moi le Soleil, je t'aurais repoussé et je t'aurais enlevé la maison de ton père" (en revanche, dans le mode réel : kinun-a-kan ANA dUTUŠI kuit HUL-wanni UL kittat-nu-tta arha UL pessiyanun nu-tta-kan É ABĪKA arha UL dahhun "puisque cela ne s'est pas présenté mal pour le Soleil, je ne t'ai pas repoussé et je ne t'ai pas enlevé la maison de ton père").
g) dans les séries de propositions avec kuitman "jusqu'à" (§326d3).
311) a) Les phrases avec kuit "parce que" (§323) ont habituellement nu au début de la proposition avec kuit ainsi qu'à la transition avec la proposition principale : nu-wa-mu IBILA kuit NU.ĜÁL mKupanta-dKAL-as-ma-mu DUMU ŠEŠ-YA nu-war-an-mu EN-YA DUMU-anni pāi "puisqu'il n'y a aucun descendant pour moi, mais que K. est le fils de mon frère, alors donne-le moi, mon seigneur, comme descendance".
b) Toutefois, la proposition avec kuit peut aussi ne pas avoir de particule : ABŪKA-mu kuit tuēl ŠUM-an memiskit nu-tta apaddan EĜIR-an san(a)hhun "puisque ton père m'avait dit (c.a.d. recommandé) plusieurs fois ton nom, par conséquent j'ai pris soin de toi".
c) De la même manière, nu peut ne pas apparaître au début de la proposition principale : ANA PĀNI DINGIRMEŠ kuit parā handandanni iyahhahat ŠA DUMU.NAM.LÚ.ULU3LU-UTTI HUL-lu uttar UL kuwapikki iyanun "puisque j'ai marché devant les dieux selon (leur) règle, je n'ai jamais fait le mal de l'humanité (c.a.d. je n'ai jamais mal agi comme les hommes le font habituellement)".
312) Les verbes uwa- "venir" et pāi- "aller" (ainsi que les impératifs it "va!" et itten "allez!", §164 2a) sont souvent suivis d'un autre verbe. Dans ce cas, ils sont placés en asyndète avant le verbe qui les suit et peuvent prendre comme un adverbe les particules de début de proposition : wer-ma mTettes mEN-urtass-a ITTI dUTUŠI kururiyahhir "mais Tetti et E. sont venus (et) ont se sont battus contre le Soleil", nu-wa uizzi zilatiya ANA KURTI EN-as "alors il ira (et sera) à l'avenir seigneur dans le pays", it-wa-mu karsin memiyan zik EĜIR-pa uda "va (et) rapporte une information claire !", pāiweni-war-an-kan kuennummeni "nous voulons partir (et) le tuer".
Ils peuvent aussi se placer entre un verbe transitif et l'objet direct de celui-ci qui le précède : nan uwammi LÚKÚR-as iwar wal(a)hmi "et je viendrai (et) je l'attaquerai (une ville spécifiée auparavant) comme un ennemi".
313) a) Dans une phrase du genre "ceci serait arrivé, mais pour telle raison ça s'est passé différemment", le hittite utilise habituellement nu pour dire "mais" : man-ta-kkan kuennir nu zik isparzasta "ils t'auraient tué, mais tu t'es échappé", man-si pāun mān-an arha harninkun nu-mu-kan AMA-ŠU menahhanda parā nāista "je me serais avancé contre lui (et) je l'aurais abattu, mais il m'a envoyé sa mère (avec une offre de paix)".
b) -ma "mais" est parfois utilisé de manière isolée dans ce cas : man INA KUR URUAzzi taninumanzi pāun mahhan-ma LÚMEŠ URUAzzi istamassir "je serais allé dans le pays Azzi pour l'organiser (comme province). Mais lorsque les gens d'Azzi ont entendu (cela) (ils se sont soumis volontairement)".
314) a) nu et -ma se trouvent très rarement ensemble dans les phrases affirmatives (positive sentences) : nu ammuk-ma GIM-an nakkesta nu-mu-za hantī kuwapiki esta UL-mu-za GAM-an esta "tandis que ça devenait oppressant pour moi, tu étais quelque part séparé de moi, et tu n'étais pas avec moi".
b) Le groupe nu ... -ma est par contre tout à fait fréquent dans les interrogations multiples (cf. §285a).
315) namma "de plus, encore" se lie à nu dans l'expression nu namma "ainsi donc, donc, par conséquent, après quoi" dont les deux termes ne peuvent être séparés que par des enclitiques : nu-mu MU.KAM-za kuit ser tēpawessanza esta nu namma KUR URUAzzi UL daninunun "comme l'année était maintenant devenue (trop) courte pour moi, alors je n'ai pas organisé le pays Azzi (comme province)", nu mahhan mUhha-LÚ-is GIG-at nas-mu namma zahhiya menahhanda UL uit "comme U. est maintenant tombé malade, par conséquent il n'est pas venu me combattre".
3. ta et su "et"
316) ta est utilisé comme synonyme de nu par le vieux-hittite ainsi que par la langue législative et cultuelle. Il est utilisé également :
a) pour relier les propositions coordonnées : cf. l'alternance entre nu, ta et l'asyndète dans le rituel : LÚMEŠ ĜIŠBANŠUR-kan 2 NINDAmitgaimius danzi tas LUGAL MUNUS.LUGAL-ri pianzi ta parsiyanzi LÚMEŠ ĜIŠBANŠUR-kan 2 NINDAmitgaimis appanzi nas-kan appa suppayas ĜIŠBANŠURHI.A-as tianzi "les serviteurs de table prennent 2 pains-mitgaimi et les donnent au couple royal, et ils (les) rompent (§237a). Les serviteurs de table prennent les 2 pains-mitgaimi et les posent de nouveau sur les tables pures", et aussi presque identique mais avec une autre distribution des conjonctions : LÚ ĜIŠBANŠUR ... NINDAmitgaimius dāi LUGAL-i pāi LUGAL-us parsiya tus-kan LÚ ĜIŠBANŠUR appa suppai ĜIŠBANŠUR-i dāi "le serviteur de table prend ... le pain-mitgaimi (et le) donne au roi, (et) le roi (le) rompt. L'homme de table le pose de nouveau sur la table pure".
b) en introduction à l'apodose : takku ÌRMEŠ-ŠU GEME2MEŠ-ŠU kuēlqa hurkel iyanzi tus arnuwanzi "si le serviteur et la servante de quelqu'un commettent une horreur, alors on les renverra".
c) au sujet de la particularité qu'un pronom à l'accusatif de la 3ème personne peut ne pas être exprimé avec ta, cf. §237a.
317) su a le même usage que nu et ta, mais est utilisé plus rarement et seulement dans les textes vieux-hittites : uk-wa atti-mi UL assus su-wa URUHattusi hingani pāun "je ne (suis) pas le favori de mon père et je devrais aller à Hattusa pour mourir", mIsputas-Inari-ma piir san-atta IŠTU É.EN.NUN tarnir "ils sont allés cependant chez I. et l'ont alors laissé hors de prison".
4. Autres conjonctions de coordination
318) -ma signifie "mais", avec parfois un sens un peu plus faible (comme le grec δέ).
a) Il est généralement attaché comme enclitique au premier mot de la phrase : mahhan-ma-za-kan dUTUŠI ANA ĜIŠGU.ZA ABĪYA eshat "mais quand moi, le Soleil, je me suis assis sur le trône de mon père, (telle chose est arrivée après mon accession au trône)".
b) on le trouve souvent après le deuxième mot dans la protase des phrases conditionnelles et dans les relatives conditionnelles : mān-kan ERIN2MEŠ-ma ANŠU.KUR.RAMEŠ warri UL arnusi "si tu n'amènes pas de fantassins et de chars" (à côté de la phrase de sens proche mān-ma-kan ERIN2MEŠ ANŠU.KUR.RAMEŠ warri UL arnutti ), takku kessiras-ma wastai "mais si la main commet un outrage", kuis-an appa-ma uwatezzi "mais qui le ramène".
c) dans le même cas, -ma est occasionnellement redoublé : mān-ma-as-ta-kkan ŠÀ KUR-KA-ma uizzi "mais s'il vient chez toi dans ton pays".
319) -ma a parfois si peu d'intensité dans l'apodose que l'on peut ne pas le traduire en français : GIM-an-ma-za ŠEŠ-YA DINGIRLIM-is DÙ-at mUrhi-dU-upan-ma DUMU ŠEŠ-YA sarā dahhun "mais comme mon frère était devenu un dieu, (mais) j'ai pris Urhi-Tessup, le fils de mon frère".
320) a) nasma signifie habituellement "ou" : ÌR-an nasma GEME2-an "un esclave ou une servante", mān tuk-ma kuiski mTargasnallin nasma DUMU-KA kunanna sanhanzi "mais si toi, Targasnalli, ou ton fils cherchez à tuer quelqu'un".
b) nassu - nasma signifie "soit - soit" : nassu LÚ URUHatti kuiski nasma LÚ URUArzawa kuiski "soit un homme du pays Hatti, soit un homme du pays Arzawa", nassu-wa-kan LÚKÚR apūs kuindu nasma-wa-kan LÚKÚR apūs kunandu "soit l'ennemi peut frapper ceux-ci, soit ceux-ci peuvent frapper l'ennemi".
321) nassu a parfois aussi le sens de la conjonction disjonctive "ou" : EBURMEŠ-wa-mu-kan piran nassu kusāta nassu KASKAL-as nasma tamai kuitki uttar "la moisson (a lieu) pour moi avant ou la dot ou un voyage ou autre chose (qui exigera une dépense d'argent)".
nassu a correspondu ainsi à l'origine aussi bien à "soit" qu'à "ou", et nasma (< nassuma) contient la particule d'interrogation multiple -ma (§285a).